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Vendredi 20, en grève pour le climat (ou presque)

Cet article a été mis à jour le 18 septembre 2019, voir l’addendum. Résumé : ne vous déclarez pas en grève, mais prenez plutôt un jour de congé.

“Je ne vais pas travailler. Parce que je n’ai plus la patience, parce qu’on n’a plus le temps, parce que c’est une crise climatique. Donc je suis en grève. Dans les rues, pour la justice climatique, pour nos futurs.”
Appel à la grève pour le climat du 20 septembre 2019, par l’ONG 350.org

Dans mon dernier billet en date, je me posais des questions sur le monde du travail et la crise climatique.

Aujourd’hui, j’apporte une petite réponse : allons faire la grève.

Depuis que j’ai pris conscience que la crise climatique est une question d’urgence absolue, j’ai été tiraillé entre les discours vantant les “petits gestes” (changez les ampoules ! Utilisez des brosses à dents écolo !) et ceux qui ne parlent que de l’aspect général (100 entreprises produisent 70 % des émissions de CO2 !). Aucun de ces deux points de vue me satisfait pleinement. Je cherche non pas un “juste milieu”, mais plutôt un moyen de lutter efficacement sur les deux tableaux. Les petits gestes, c’est accessible aux consommateurs mais il n’y a pas de questionnement sur les causes, les grands gestes c’est s’attaquer à des structures absolument énormes… ouais, bon, les grands gestes c’est bien beau mais ça parait illusoire depuis le constat de défaite de Nicolas Hulot. Il nous faut trouver une voie qui concilie les deux approches.

Les Marches pour le Climat ne me satisfont pas non plus, j’aime pas trop marcher en cortège, et à part un bouchon de circulation (Ça fait toujours bin ça d’gagné!), quelques images d’élus en campagne greenwashing ou Voltuan en K-way bleu, on n’en entend plus parler que sous l’angle des violences policières, les revendications sont passées à la trappe.

Tout ça pour dire, il y a une autre manière d’agir en citoyen·ne et plus en consommateur·ice, et de faire entendre sa voix dans un lieu quotidien dans lequel ce genre de considérations n’est pas forcément abordées, à savoir le monde du travail ; il faut se mettre en grève pour le climat.

Et en plus ça tombe bien : vendredi prochain il y en a une.

Une grève mondiale

Depuis un an, à la suite d’une lycéenne suédoise, des jeunes de tous les continents font la grève, tous les vendredis, pour le climat, pour leur futur.

Vendredi prochain, le 20 septembre, la grève est mondiale, elle touche tous les corps de métiers : tout le monde rejoint les jeunes dans la rue, pour demander une véritable politique environnementale et sociale.

C’est la #GrèvePourLeClimat.

La grève est coordonnée par l’ONG 350.org, et relayée par un nombre d’organisations conséquent : Greenpeace, Amnesty International, Extinction Rebellion, WWF, et beaucoup d’autres, dont beaucoup de syndicats.

Dans le secteur informatique il y a quelques initiatives, notamment Digital Climate Strike, qui appelle à afficher un bandeau sur son site, ou à en remplacer carrément le contenu par un appel à rejoindre la grève.

Bannière verte, marquée « Worst House Warming Ever »

Je n’ai vu que peu d’entreprises qui revendiquent la participation au mouvement de grève mondiale, mais parmi celles qui le font, j’ai remarqué la communication d’Atlassian sur le sujet :

The bottom line is this: our staff who attend will have Atlassian’s full support. As a company we join them in sending a united message: Don’t @#$% the Planet.
https://www.atlassian.com/blog/announcements/climate-strike

Ainsi que celle du moteur de recherche écolo Ecosia :

In general, corporate culture does not encourage climate activism. Some companies actively prevent their employees from taking to the streets. I hope that Ecosia’s new climate leave policy will encourage other businesses to change – in both big ways and small.
https://blog.ecosia.org/ecosia-support-climate-activism-civil-disobedience/

Et la directrice de l’équipementier Patagonia (connu pour son engagement pour l’environnement) s’est fendue d’un appel à la grève :

Next week, we close our retail stores in solidarity with the young people who are striking for climate action. The climate crisis is a clear and present danger to our health, our pocketbooks and our employees and their families. Like the fake science paid for by tobacco companies that for years denied the link between smoking and cancer, denial and delay on climate is destructive to human life. Enough is enough. We need action.
https://www.linkedin.com/pulse/enough-join-climate-strikes-demand-action-rose-marcario/

Parmi les grandes firmes technologiques, déjà plus d’un millier de salarié·es d’Amazon ont déclaré se mettre en grève, une première en 25 ans. Ils ont été rapidement suivis par Google et Microsoft, et j’attends de voir la réaction des organisations pro-climat au sein d’Apple et Facebook.

En France

Je n’ai trouvé que peu de relais à cette grève en France. Autant il y a un appel signé par 64 associations, ONG et mouvements, à lire sur Mediapart : Mobilisons-nous pour la rentrée climatique et sociale les 20 et 21 septembre !, autant je n’ai pas vu en France d’organisation comme par exemple en Allemagne (#AlleFürsKlima), qui coordonne toutes les actions prévues les 20 et 21 septembre.

Les rares organisations syndicales qui appellent à la grève sont Solidaires, la CGT et la FSU, via un appel commun : Urgence écologique et urgence sociale

Pour répondre à l’urgence sociale et climatique, une autre politique est indispensable. Cela passe par l’amélioration des conditions de vie et de travail, dans le respect de l’environnement.

Il s’agit d’un appel à la grève en bonne et due forme, avec un tract très bien fait : Mobilisons-nous pour la rentrée climatique et sociale ! et un préavis de grève pour la Fonction publique.

Comment y participer ?

Grâce à cet appel national de l’union syndicale Solidaires, tout employé peut rejoindre la grève. Voir la page Quelques rappels sur le droit de grève

Tout salarié peut s’associer à un mouvement de grève, même si aucune revendication particulière à l’entreprise n’a été formulée et même si le salarié est seul à suivre ce mot d’ordre dans l’entreprise.

Le droit de grève est une liberté individuelle, garantie par la loi. En dehors des policiers et des militaires, tout-e salarié-e, syndiqué-e ou non, a le droit de faire grève. Aucun employeur ne peut empêcher un-e salarié-e de faire grève, aucun employeur ne peut sanctionner un-e salarié-e pour avoir utilisé le droit de défendre ses intérêts !

Même dans les petites entreprises, le droit de grève existe, il faut le faire respecter !
Solidaires - Le droit de grève en 11 questions

Pour plus de détails, je vous recommande la lecture de ces deux fiches sur le site du Service Public :

Rejoins-nous !

Alors si tu te demandes “Qu’est-ce que je pourrais bien faire pour le climat ?”, j’ai une réponse. Déclare-toi en grève, ne va pas travailler, et rejoins les manifestations organisées par chez toi.

Moi en tous cas, c’est ce que je vais faire.

Bannière

Addendum du 18 septembre

Après discussion avec des amis et après avoir reçu l’avis de juristes (qui apparemment sont de véritables nerds quand il s’agit d’aller voir la jurisprudence), l’appel de Solidaires peut être contesté étant donné qu’il s’agit d’une revendication politique sans lien avec une revendication professionnelle. Une grève basée sur cet appel serait illicite, plusieurs jurisprudences vont dans ce sens. Si tu te mets en grève ce jour-là, ça peut être considéré comme une absence injustifiée.

Avec mes collègues qui étaient intéressé·es, on a tous posé une journée de congés (ou RTT) vendredi. On va profiter de cette journée pour discuter de nos idées pour améliorer l’empreinte écologique de notre entreprise, et du milieu professionnel dans lequel on évolue.


On en discute ?…


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