Il faut se méfier de Facebook, version rapide
Depuis une semaine on entend beaucoup parler de Facebook, Ă propos dâune affaire de vol de donnĂ©es. Jâai rĂ©digĂ© un long, trĂšs long article pour mettre mes notes personnelles au propre et pour en parler Ă mes contacts sur Facebook. Ceci est une version rĂ©duite de mon article. Chaque paragraphe a un lien vers la partie correspondante.
Facebook collecte Ă©normĂ©ment de choses sur nous. Et on les contribue de maniĂšre tout Ă fait volontaire. Câest un problĂšme. lien
Lâapp du rĂ©seau social siphonne les informations de nos tĂ©lĂ©phones, via le carnet dâadresse par exemple, mais aussi de lâaccĂ©lĂ©romĂštre de notre mobile, des informations liĂ©es aux photos stockĂ©es⊠lien
Facebook nous cible aussi sur le web : Ă©normĂ©ment de sites intĂšgrent un lien de tracking qui permet de lier une visite Ă un profil, et donc savoir exactement qui est passĂ© par quel site. De mĂȘme pour les apps : une trĂšs grosse proportion des apps quâon utilise tous les jours envoient des donnĂ©es de traçage Ă Facebook. lien
Les employé·e·s de Facebook sont aussi trÚs surveillés par une équipe spécifique, qui gagne accÚs à leurs messages, emails, etc⊠afin de repérer qui parle à la presse, entre autres. lien
Quand on demande Ă Facebook une copie de ses donnĂ©es, une partie nâest pas communiquĂ©e, câest le shadow profile, qui contient les informations communiquĂ©es sans notre consentement (donnĂ©es de navigation ou dâusage dâapps par exemple) lien
Et on nâest pas abonné·e Ă Facebook ? Bah on est quand mĂȘme tracké·e : les donnĂ©es de navigation, dâusage dâapps, de carnet dâadresse des contacts, permettent au rĂ©seau social de constituer un shadow profile liĂ© Ă aucun profil public. lien
La question la plus importante, câest pourquoi ils font ça. La rĂ©ponse est simple : câest pour faire du beurre. Les donnĂ©es quâils collectent sont utilisĂ©es pour cibler des publicitĂ©s. Comme Google, le business model de Facebook, câest le surveillance capitalism. « La crĂ©ation de richesses passe par lâextraction de donnĂ©es et non plus par la crĂ©ation de nouveaux biens » lien
Dans son fonctionnement, Facebook utilise des mĂ©canismes qui poussent leurs utilisateurs Ă lâaddiction. Plus les utilisateurs passent de temps sur le rĂ©seau social, plus Facebook gagne dâargent. lien
Il y a autour de Facebook une galaxie dâintĂ©rĂȘts douteux au niveau des investisseurs. Des russes, des espions et des oligarques, des proches de la famille Kushner (le gendre de Donald Trump), ce qui explique le silence du rĂ©seau social lorsque les premiĂšres accusations de collusions russes ont fait leur apparition. lien
Facebook nous promet que nos donnĂ©es sont protĂ©gĂ©es, mais câest du pipeau⊠et on sait ça depuis au moins 2010. lien
Lâhistoire de la semaine, câest Cambridge Analytica, une boĂźte dâanalyse de donnĂ©es qui verse dans le façonnage de lâopinion et la propagande. Cette entreprise a utilisĂ© des donnĂ©es de Facebook, rĂ©cupĂ©rĂ©es de maniĂšre trĂšs louche, pour cibler de maniĂšre trĂšs prĂ©cise des publicitĂ©s pour Donald Trump, mais aussi pour convaincre ses opposants de ne pas aller voter. lien
De 2010 Ă 2015, Facebook a partagĂ© avec nâimporte quel dĂ©veloppeur les donnĂ©es de chaque utilisateur de leurs application⊠mais les dĂ©veloppeurs avaient aussi accĂšs aux donnĂ©es des contacts des utilisateurs. De plus, Facebook est vraiment laxiste sur la gestion des donnĂ©es refilĂ©es aux dĂ©veloppeurs : il nây a pas de systĂšme de contrĂŽle des donnĂ©es. lien
Il est possible de limiter le partage des informations avec Facebook ou Google. Ne plus utiliser Google Chrome, installer des extensions pour Firefox, comme Privacy Badger et uBlock, changer le moteur de recherche vers Qwant. Il y a aussi des bloqueurs de contenu pour iOS et Android. Quant à Facebook, il y a des réglages à trouver pour interdire la transmission des données aux développeurs extérieurs. Toutes les infos : lien
Il nây a pas que Facebook. Google, Linkedin, Twitter ont le mĂȘme business model, et donc sont aussi Ă redouter. lien
Maintenant, comment on sâen sort ? lien
Pour citer le lanceur dâalertes Edward Snowden, Facebook gagne son argent en exploitant et revendant les donnĂ©es intimes de la vie privĂ©e de millions de gens, bien au delĂ des dĂ©tails que nous postons volontairement. Ils ne sont pas des victimes [de la mauvaise utilisation de nos donnĂ©es], ils sont des complices. lien
Si on y regarde bien, les donnĂ©es quâon donne Ă Facebook ont Ă©normĂ©ment plus de valeur que les services que Facebook nous rend. En tant quâutilisateurs, on y perd. lien
La principale cause de tous ces problĂšmes que je dĂ©cris, câest lâexploitation de nos donnĂ©es en gĂ©nĂ©ral. Des services gouvernementaux de plusieurs dizaines de pays font appel aux entreprises de surveillance pour profiter de leurs bases de donnĂ©es et mĂ©thodes de ciblage. lien
Ăa barde pour Facebook : en plus des jugements dĂ©jĂ donnĂ©es Ă Facebook en Allemagne ou en Belgique, et du rĂšglement de protection des donnĂ©es personnelles qui arrivera en application en mai prochain Ă lâĂ©chelle europĂ©enne, beaucoup de choses ont bougĂ© dans la semaine. Mandat de perquisition pour Cambridge Analytica, baisse de 5% de lâaction de Facebook, invitation de Mark Zuckerberg Ă rĂ©pondre Ă lâenquĂȘte du parlement britannique⊠lien
Depuis, beaucoup de choses se sont passĂ©es. Mark Zuckerberg a dit quâil Ă©tait dĂ©solĂ© (câest pas assez), lâinventeur du Web Tim Berners-Lee, dit quâil faut tout faire Ă©voluer, certains appellent mĂȘme au dĂ©mantĂšlement de Facebook. Toutes les rĂ©actions sont dans cette partie : lien, et je suis en train de mettre au propre mes notes de la semaine sur les news depuis jeudi.
Un petit conseil ? Faites attention à ce que vous lisez, faites attention à ce que vous partagez sur Internet, et qui ça va enrichir. lien
Si tu veux supprimer ton compte Facebook, ton Messenger, ton WhatsApp et ton Instagram, il y a plein de moyen de rester en contact avec tes proches. Riot ou Signal par exemple sont trĂšs bien pour la conversation : les systĂšmes sont chiffrĂ©s de bout en bout. Pour partager des photos, des statuts, et rĂ©agir aux partages de tes amis, il y a Mastodon : comme pour lâemail (gmail, yahooâŠ) il y a plein de serveurs diffĂ©rents (mamot.fr, mastodon.socialâŠ), moi je suis @joachim@boitam.eu, nâhĂ©sitez pas Ă mây contacter. lien
La suite de ce billet est Ă lâadresse suivante : https://joachimesque.com/blog/2018-03-26-facebook-quelques-notes-sur-la-suite
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